Mercredi 24 septembre
A peine sorti du port, le vent fait des pirouettes pour finir au NE, c'est-à-dire en plein dans le nez... le capitaine boude. A 17h, une lueur d'espoir nous fait arrêter le moteur... mais sans doute Eole fait-il cesser le vent dès qu'il n'entend plus le ronron de Totor! Tant est si bien qu'à 20h nous sommes toujours au moteur, sous grand voile et YFP, nous sommes vraiment trop près des côtes pour rester jouer par ici.
Alors on discute, on refait le monde tandis que Colin a l'air d'être parti pour sa nuit. Souvent les escales sont pour lui beaucoup plus fatiguantes que les navigations où il se met en mode repos.
Flo se repose un peu avant son quart, je suis donc à la barre de 21h à 23h, attendant que la lune se lève. A peine Flo me remplace-t'il qu'il se prend une saucée. L'avantage étant bien sûr que sous le grain le vent revient....alors au boulot Jérôme (Ah oui, on a oublié de vous prévenir, mais notre régulateur est si important pour nous que nous lui avons donné un petit nom, et nous avons trouvé que Jérôme lui allait très bien).
Mais ne nous enflammons pas, une demi heure plus tard nous sommes bon pour rallumer Totor... et malheureusement cela va durer un moment puisqu'il tourne toujours quand nous arrivons à Bizerte le lendemain matin. Vous noterez que 18h pour rallier Bizerte de Tabarka, ce n'est pas formidable!!!
Cet arrêt n'était pas prévu, mais il faut faire du gazoil. Comme nous avons déjà fait les formalités de départ à Tabarka, le chef de la police n'apprécie que très peu notre visite... une bonne occasion pour lui de doubler sa paye du jour; je suis un peu déçue de rencontrer la corruption dès maintenant, je pensais y échapper en Tunisie... un seul conseil aux navigateurs: préférez Tabarka à Bizerte, le port y est moins cher, plus agréable, et les autorités bien plus sympathiques.
A 14h, cuves pleines, nous voilà repartis, à 4 Nds et sous voiles s'il-vous-plaît! Cela ne durera qu'une heure, raison de plus pour trouver le moment magique... et tellement reposant pour les oreilles.
Pétole toujours, moteur encore....quelques heures de cape dans la nuit pour se reposer et on repart...même programme jusqu'à l'arrivée: mardi 23 à 9h nous sommes le long de la côte sud de Lampedusa.
Nous approchons de l'île Conigli pour mouiller en eaux limpides et profiter d'une petite baignade rafraîchissante. A peine l'ancre est-elle jettée que s'approchent de nous deux jeunes italiennes en kayak. Verdict: on doit s'en aller tout de suite, c'est une réserve naturelle. On est un peu déçus mais nous partageons l'envie de respecter les lieux, et de toute manière ce n'est un mouillage bien protégé donc nous aurions dû le quitter pour la nuit quoiqu'il arrive.
Nous continuons donc à longer la côte sud jusqu'à la plage Guitgia à l'entrée du port. C'est une plage plutôt bien protégée à part des vents de SE... pas de bol, ce sont ces mêmes vents qui se lève juste après notre déjeuner... il faut bouger. Nous pensions avoir le temps de faire un peu de repérage avec Ti'Tanit dans les Calas du port avant d'y aller... avec Tanit et le vent qui se lève cela va s'avérer bien moins simple!
Nous tournons une bonne heure pour trouver un endroit où s'amarrer, mais la seule solution est de se mettre cul à quai: manoeuvre impossible à deux avec ce vent. Je saute dans Ti'Tanit et rame jusqu'au quai afin de réclamer de l'aide aux seules personnes présentes: les occupants d'un super yacht grande classe. Ils sont d'accord pour que l'on se mette à couple le temps de s'amarrer correctement. Je fais un signe à Flo et nous attendons qu'il manoeuvre... le temps me paraît très long, la manoeuvre compliquée, va-t'il y arriver? Je nous sens devenir l'attraction du port, les scooters s'arrêtent, les voitures aussi, que de monde à observer mon capitaine!
Puis d'un coup je vois Tanit qui vient s'écraser sur le gros yacht (qui vaut sûrement très très cher), et j'entends Flo crier: "No motor, no motor". Les spectateurs deviennent acteurs, tout le monde grimpe sur le yacht sans permission préalable, chacun s'active, on saute à l'eau à tour de rôle pour aider à la manoeuvre... et finalement tout se termine bien: nous n'avons abîmé personne et nous sommes amarrés.
Il va s'avérer que l'inverseur ne fonctionne plus, je plonge mais ne vois rien de bloquer dans l'hélice, en fait c'est l'arbre qui a reculé de 20cm. A-t'on prit un bout, ou trop tiré sur Totor sur cette traversée? Ce qui nous paraîssait irremédiable hier, semble réparé à l'heure où je vous écris... à suivre.
Toujours est-il que nous avons bien fait de quitter le mouillage hier car Lampedusa a subit une nuit d'orage et de grêle... plus de Wi-Fi nul part!!!
Nous allons je pense passer quelques jours dans le coin, cela va dépendre de la météo. J'aimerais visiter un peu cette île, les eaux les plus claires d'Italie, la terre la plus au sud de l'Europe. J'espère trouver Internet pour vous raconter tout ça.