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Le voyage de Tanit

Une famille, un bateau, un voyage... Nous voulions vivre simplement, fuir un monde que nous trouvions de moins en moins tourné vers l'humanisme.

Yes For Peace - Humanisme et complotisme

Publié le 27 Octobre 2023 par Tanit in Pensées

L'époque où nous refaisions le monde ensemble

L'époque où nous refaisions le monde ensemble

Pensées chaotiques d'un retour éventuel à l'écriture de ce blog

 

Nous sommes le 27 octobre 2023, il y a la guerre un peu partout, des conflits armés, des épurations ethniques, des famines; cela ne tient qu'à moi de penser cela mais mon avis est assez tranché : le capitalisme à outrance et la financiarisation du monde sont au coeur du système et d'eux, découle ce chaos.

 

Le 28 juillet 2008, avec mon mari et mon fils, nous levions l'ancre à bord de Tanit, direction l'océan Indien. Nous expliquions ici à l'époque que nous ne soutenions pas l'élection de Nicolas Sarkozy (vous vous souvenez, "la France, tu l'aimes ou tu la quittes"?), que nous voulions élever notre fils loin de la société de consommation et lui montrer le monde différemment.

 

Je vous avoue qu'en 2008 nous passions sans doute pour des originaux aux yeux du monde. Mais vous avez vu, après, l'explosion des voyages en vans aménagés, les blogs, les chaînes Youtube relatant la vie sur les routes, l'autonomie, la décroissance...?

 

On fuyait les cadeaux de Noël qui arrivaient en France.

 

En avril 2008, il y a eu la prise d'otages du Ponant. Nous en avons beaucoup discuté bien sûr. Il s'agissait d'un bateau de croisière, assez luxueux, appartenant à de riches investisseurs. Au moment de l'attaque des pirates, selon les dires du commandant, ils étaient à moins de 100km des côtes somaliennes et faisaient un barbecue sur le pont. Nous n'étions pas, à nos yeux, dans la même catégorie. Nous suivions sur des sites spécialisés la situation dans la zone, le corridor de sécurité était bien au-delà des 100km, aucun voilier de plaisance n'avait été attaqué jusqu'à présent.

 

En octobre 2008, après 4 mois de navigation, nous quittions le port de Gavdos (Grèce) pour rejoindre Port-Saïd et entrer dans le Canal de Suez. C'est sur cette route que nous avons appris la prise d'otage du Carré d'as, un voilier de croisière convoyé par un couple de sexagénaires français. Après une semaine avec les pirates ils avaient été libérés par les Forces spéciales françaises. Pour nous il était trop tard pour faire demi-tour, la Méditerranée avait été dure avec nous et nous n'imaginions pas la retraverser dans l'autre sens; financièrement, nous n'étions pas larges non plus et nous devions penser à travailler. Nous avons donc décidé de rejoindre Hurghada où nous pourrions laisser Tanit quelques semaines ou mois si nécessaire et sans que cela ne nous coûte un bras.

 

Quand vous traversez le canal, vous avez une pose obligatoire à Ismaïlia. Le moteur étant en panne, nous y sommes restés quelques jours en attendant la pièce de rechange. Un autre voilier était amarré au petit quai, le Carré d'as! Nous avons rencontré Jean-Yves Delanne, un skipper professionnel qui faisait du convoyage depuis des décennies. Ce n'était pas son premier passage. Nous avons sympathisé, il nous a offert des loukoums que nous avons dégustés en épluchant notre bibliothèque de bord. Il connaissait la plupart des navigateurs dont nous lisions les aventures et il y avait même une photo de lui et de son bateau dans un de ces bouquins. Le soir nous sommes allés au resto tous les quatre et avons beaucoup parlé de ce qui leur était arrivé. À aucun moment Jean-Yves n'a essayé de nous dissuader de continuer, à aucun instant il n'a eu peur pour nous car il savait. Il savait qu'il n'avait pas suivi les consignes de sécurité (corridor à 300km des côtes), je crois bien qu'il ne les avait même pas entendues, il est passé, comme à son habitude, entre la côte et Socotra. Jean-Yves est un ancien militaire, un profil à la capitaine Haddock, il ne s'en ai pas laissé compter avec les jeunes pirates à son bord. Mais surtout, comme il passait près des côtes, la majeure partie de la prise d'otages s'est passée au mouillage. L'histoire s'est bien terminée mais Jean-Yves a refusé d'abandonner le voilier ou de le faire convoyer par les militaires. C'est ainsi que nous avons eu la chance de le croiser.

 

Je divague, je vous refais l'histoire (il y a le livre qui la retrace et les articles de ce blog)...

 

Le 4 avril 2009 nous croisions la route d'un tout petit skiff avec à son bord cinq somaliens armés et chétifs. Nous étions à 980km des côtes. Bien que nous ayons été survolés par un avion militaire espagnol basé à Djibouti dès le 4, quelques heures après que les pirates soient montés à bord; bien que 5 hommes africains se trouvaient sur le pont; bien que nous trainions un skiff bleu; bien que nous n'ayons pas donné notre position quotidienne alors que l'armée l'avait exigé; bien qu'un cargo ait été attaqué la veille tout près de nous et que nous n'ayons reçu aucun avertissement... il semblerait que l'armée française n'ait été informée des faits que le lundi 6.

 

Le lundi 6, commence donc à tourner en boucle sur les chaînes d'infos, un tas de conneries (pour parler poliment) afin de préparer l'opinion publique. Monsieur Sarkozy et d'autres membres "éminents" du gouvernement de l'époque me l'ont confirmé.  C'était du grand journalisme: M.Morin envoyait des SMS aux journalistes pour les convier à des points presse. Aucune autre source n'était disponible pour croiser les faits. Mais ce  fut le grand déballage.

 

Le mercredi 8, deux frégates se sont rapprochées de nous.

 

Cela faisait donc 4 jours que nous vivions à bord tous ensemble. Les armes avaient été brandies au moment de l'abordage mais depuis elles étaient dans un coin, sur le pont. Les pirates vivaient sur le pont. Je cuisinais pour tout le monde. Les garçons (Flo et nos deux équipiers) devaient faire route plein ouest et n'étaient pas libres de circuler ailleurs qu'entre la barre et la cabine. Colin et moi pouvions déambuler entre le pont, le cockpit et la cabine assez librement. Nous avions parlé au téléphone avec un chef à terre. Nous avions peur mais étions préparés dans nos têtes à cette éventualité (comme un naufrage, nous avions répété nos consignes de sécurité); si nous devions rester au mouillage comme Jean-Yves, nous avions des centaines de kilos de vivres et une trousse à pharmacie très complète. Il était question d'argent, c'était le sujet unique de discussion.

 

Le mercredi 8 avril nous quittons un monde de fous pour entre dans la cinquième dimension.

 

Ces deux frégates immenses approchent, une de chaque bord, et la tension sur Tanit grimpe. Ne sachant plus quoi faire, les pirates nous rassemblent tous sur le pont et nous mettent en joue. Les militaires font des photos pour préparer leur opération. Ce soir-là, contre l'avis de l'Amiral en charge de l'opération, Nicolas Sarkozy exige que les photos soient publiées, il les distribue à la presse. Il veut que l'opinion soit prête, il a déjà décidé qu'il lancerait un assaut. Les militaires sont contre, nos familles sont contre, nous sommes contre... mais Nicolas décide seul. Et puis il a décidé de se tirer la bourre avec Obama qui gère le premier détournement d'un navire immatriculé sous pavillon américain par des pirates depuis le début du XIXe siècle (la prise d'otages du Maersk Alabama) et j'imagine qu'il compte bien être le plus fort. De notre côté, leur présence nous pousse à se résigner à cette éventualité mais jusqu'à la dernière seconde nous n'en avons aucune idée.

 

Le vendredi 10 avril dans l'après-midi est lancé l'assaut. Florent est tué à bout portant par le chef de l'opération militaire. La manipulation commence dans les minutes qui suivent. J'étais présente, j'étais témoin, et pourtant il m'aura fallut enquêter et écrire un livre pour qu'un an plus tard, la vérité soit dite. Clairement le gouvernement comptait bien faire croire à tout le monde qu'un pirate avait tué Florent. Deux ont été exécutés, un par les snipers, un à bord. Les trois autres étaient cachés et apeurés.

 

Il y a donc plus de 14 ans maintenant, nous perdions Florent. Et depuis tout ce temps, vous ne pouvez imaginer le nombre de morts qui me ramènent irrémédiablement à la violence de cet instant. À chaque mort injuste ou injustifiable imputable au gouvernement, de près ou de loin, je ne peux m'empêcher de ressentir l'immense palette des émotions qui m'ont gouvernées les années qui ont suivies.

 

Il y a 14 ans on m'aurait traitée de complotiste si le mot avait été plus usité. J'ai eu de la chance, je n'étais qu'une beatnik, inconsciente et irresponsable. Quand je pense aux centaines de mails et commentaires reçus, parfois pernicieux, souvent agressifs et rarement bienveillants (il y en a eu, quand même, et je tiens à remercier sincèrement ceux qui se reconnaitront), dans un monde où l'internet balbutiait, je n'ose imaginer ce qui se passe pour les familles aujourd'hui.

 

Beaucoup de personnes de mon entourage proche me disent  que la manière dont nous avons été traités par le gouvernement et la couverture médiatique qui a été faite de notre histoire ont changé à jamais leur manière de regarder les informations. Seulement, trop nombreux sont ceux que cela plombe: soit cela leur met le moral en berne, soit cela les pousse à se parer d'oeillères.

 

Personnellement je vois plutôt cela comme la survie en bateau, il faut se préparer au pire pour garder son sang-froid car parfois, lui-seul peut vous sauver ou vous tuer. J'ai besoin de rester informée, par des moyens très divers, pour me faire mon opinion et me préparer à ce qui pourrait arriver.

 

Le double effet kiss-cool de ma technique est qu'elle me donne envie, presque chaque jour, de prendre les armes. Ce que je ne ferai pas car cela serait donner raison aux "enculés d'en face".

 

L'autre solution: la rue et les manifs. Je n'y crois pas dans le contexte actuel. Une grève générale oui.

M'engager en politique? Même conclusion. Je vous ai déjà raconté que dès le lendemain de la mort de Flo, Nicolas avait prévu de me faire hospitaliser en psychiatrie? La grande classe. J'avais à peine posé le pied à Villacoublay que j'avais déjà compris que nous ne jouions pas à armes égales et que ma famille serait mon plus grand soutien.

Après réflexion, un peu longue il est vrai, je me dis que je peux reprendre ce blog. Je verrai si cela intéresse un peu de monde et égoïstement je sais qu'écrire me fera du bien. Par contre je préviens tout de suite les spectateurs de BFM, Hanouna et Cie... vous pouvez toujours me cracher dessus en MP ou dans les commentaires, je continuerai à vous ignorer.

 

Aujourd'hui j'ai mal pour notre jeunesse. Moi qui aie voulu élever notre fils loin de ce tumulte, je savais que nous devrions revenir. Pour lui, pour ses études, pour son bien-être. Nous lui avons fait quitter la France à l'âge de 2 ans 1/2, j'ai continué notre vie dans ce sens après la mort de son Papa, mais arrive un âge où c'est à lui de décider. Et pour cela il devait connaître toutes les facettes de la situation.

 

Nous avons commencé à rentrer en 2017, d'abord un trimestre, puis deux... la dernière fois que j'ai fermé la porte de notre maison à Nosy Be, c'était fin janvier 2020.

 

Ensuite, il se passe quoi?

 

Et depuis... c'est la dégringolade. Le monde part en couilles : l'argent magique inonde les marchés financiers déjà complètement fucked up comme ils disent, les complotistes et les fast-checkeurs fleurissent de partout, Vladimir et Vlodimir se tirent la bourre au nom d'une guerre inaudible, les marchés financiers en profitent, un peuple au bord du gouffre se retrouve utilisé pour justifier d'affreux crimes, qui répondent à tant d'autres qu'on s'y perd.... mais quand on cherche, on retrouve toujours des matières premières et des américains, c'est un fait. Et comme les américains, les Ricains comme disait ma Mamie, sont vénérés comme des dieux qu'ils ne sont pas, les petits soldats les suivent... pour sauver les finances. N'en jetez plus la cour est pleine!
 

 

 

 

Bien sûr, je fais des raccourcis. Mais de toutes manières rien de tout cela n'est enseigné dans les cours d'histoire ou d'économie. Dire que les manuels de l'éducation nationale sont au pire révisionnistes, au mieux écrits par des incompétents, c'est du complotisme? Je crois qu'en Israël c'est juste une réalité (selon plusieurs israéliens). et je ne vois pas pourquoi ce serait mieux ailleurs.

Et si l'enseignement est biaisé, que se passe t'il? Et si on divertit les gens en les abrutissant?

 

 

 

 

 

 

 

Une fois de plus, je divague.... c'est la reprise et je suis en colère.

 

Je reviens à la jeunesse, car c'est elle qui est sacrifiée partout dans le monde. Bon, n'oublions pas les plus de 20 000 morts dans nos EPHAD (et surtout ne disons pas de quoi ils sont morts), après tout si on leur avait demandé, ils auraient sûrement choisi de prendre la place des jeunes dans cette course. Seulement....

Donc maintenant, après avoir inondé nos enfants de pubs pour le vaccin, le masque, la distanciation... avec une espèce de chantage affectif immonde leur laissant entendre que si Papy trépassait alors qu'ils avaient osé tousser à côté de lui, ils seraient responsable de sa mort. Après cela, nous nous disions que nous avions touché le fond de l'abjecte.

Puis est arrivé cette publicité:

Mépriser la jeunesse, toujours un peu plus loin

Donc maintenant, les enfants qui savent qu'il y a des difficultés financières dans leur foyer n'oseront plus manger ou demander des fruits car c'est trop cher! Tout en étant inondés entre deux dessins animés avec le slogan "ne mangez pas trop gras ou trop sucré, et n'oubliez pas de consommer cinq fruits et légumes par jours". Est-ce que quelqu'un, une seule personne même, au sein des nombreuses réunions qui ont mené à cette création, est-ce que ce quelqu'un a été effleuré par l'idée que c'était immonde???

Nos enfants, la jeunesse de toutes les années 2000, a été sacrifiée au nom de l'argent, du pouvoir, de la corruption et j'en passe. On les abreuve d'histoires où ils devront sauver le monde par l'écologie et aimer leur prochain, surtout quand sa culture ou son apparence est différente, mais au quotidien, depuis leur naissance, ce n'est que le contraire qu'ils voient. Comment ne pas être paumé ou en colère? Et cette réflexion est valable pour tous les enfants du monde.

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